encombrement

Publié le 19 Février 2020

   

             On est tout le temps encombré,

par la sur-stimulation des sens, les paroles qui ne se lassent jamais et les voix qui ne se taisent plus, peur des silences, peur des blancs, peur du vide; 

encombré par des pensées acides et automatiques, un mélange incohérent pour une réalité décousue, un brouhaha constant dans la tête et sous les yeux, moi-même je ne supporte plus le bruit du calme et j'ai peur de la suspension du temps, pourtant je fais une indigestion de tout et je rejette le monde, de partout, comme une overdose

faire davantage de choses en permanence et toujours plus rapidement, être efficace et productif mais pas chiant, et sociable surtout, faire la fête mais pas trop, être cool mais assez sérieux, et surtout adhérer au système, du multitasking et de l'hyperactivité constante, 

et puis la consommation affective, les peaux qui se collent comme une banalité, le charnel n'est plus qu'un pan du quotidien usé et désabusé, l'affection est devenu un produit, la relation est consommée et puis on jette, on passe à autre chose, on guette si on ne pourrait pas avoir mieux, c'est vrai quoi, le marché est immense, et grisante est l'étendue des possibles tant elle est infinie, 

mais c'est l'engagement dans l'insatisfaction permanente et la perte identitaire, comment tu pourrais être toi si tu ne t'entends même plus penser, 

des story sur insta pour montrer que ta vie est cool, pourtant tu te bourres la gueule à en vomir trois fois par semaines pour oublier, oublier quoi, à force de prouver des choses aux gens et à toi-même tu ne sais même plus ce que tu veux vraiment 

l'immodération est devenue la règle et la surabondance le principe, on est tout le temps encombré, on est loin de nous-mêmes et ça me rend triste

Rédigé par Chloé

Publié dans #société

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L
C'est exactement ce qui me donne le vertige chaque jour. Un monde étouffant. Très beau texte !!
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