démasquée

démasquée

     Je cherche des regards qui m'approuvent, des acquiescements, un hochement de tête : partout dans les silhouettes je cherche la confirmation de mon identité. Je cherche des yeux et des voix qui me diraient Tu es très bien. Dîtes-moi que je vaux quelque chose, dîtes-moi que je suis bien, et rappelez-le moi tous les jours sinon je ne suis plus rien. C'est une quête d'approbation perpétuelle et insatiable, elle ne sera jamais assouvie, et l'insécurité restera ma prison si je continue à demander aux autres ce que je devrais avoir par moi-même.

    J'ai la conscience exacerbée des regards posés sur moi et j'ai pris l'habitude de vivre pour eux, comme une comédienne qui ne s'animerait que sur scène, sous les acclamations. J'attend la permission de vivre. Je n'ose pas m'asseoir dans cette vie, je n'ose pas habiter mon corps.

    Partout et tout le temps la peur. Peur de dire ce que je veux, peur de dire non, peur de dire oui, peur de faire un choix, peur d'être désapprouvée, partout je suis un imposteur, et partout j'ai peur qu'on le comprenne, qu'on me prenne en faute pour vie non légitime; madame vous êtes en état d'arrestation car vous n'avez pas votre certificat d'existence, je regrette, votre identité est trop floue et hésitante, nous allons vous emmener au poste, vos contours perdent déjà de leur netteté, vous êtes démasquées.

    J'ai peur de déplaire parce que j'ai peur de ne pas exister.