dépression, bis

Publié le 10 Janvier 2020

 

Je marchais, dans la rue, je regardais le sol. Je ne regardais rien. Mon corps avançait comme un robot, un robot qui voulait se laisser tomber. J'avais envie de me laisser tomber, comme ça, là, immédiatement, sur les pavés de la rue passante. J'avais envie de m'écrouler. 

   Je me souviens d'une fois, il y a trois ans. Je croyais que j'étais heureuse. J'avais dix-huit ans. Je croyais que j'étais amoureuse. Je marchais avec une amie, dans l'air frais et gris du mois de janvier. Et puis on est passé à côté de la cathédrale. Je croyais que j'étais heureuse et pourtant, je me suis dis, très sérieusement, à propos de la cathédrale : "j'aimerais qu'elle s'effondre sur moi". 

    J'avais envie de m'écrouler. Souvent. En voiture, j'espérais avoir un accident. Quand j'étais malade, je voulais que ça soit grave.

   Parfois ça revient, cet abandon interne, cet affaissement en profondeur, une dislocation intérieure. Tout va bien et soudain, le regard sur le monde devient triste. Rupture, discontinuité, pour un petit naufrage temporaire. L'envie de tout abandonner, de tout envoyer balader, de tout foutre en l'air.  Comme une dissolution de la joie. Comme un retrait, un désinvestissement vital. Je sors du présent, soudainement. Je suis dans ma tête. Je suis dans le gris. Je suis repliée. L'envie de dire je dois y aller, désolée; l'envie de s'enfuir; la moindre phrase trop compliquée à prononcer, la moindre initiative trop difficile à prendre. 

 

Et puis, ça passe. 

Rédigé par Chloé

Publié dans #psychiatrie, #Pensées

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