De la dépendance affective
Publié le 10 Janvier 2020
"Il faut que tu m'aimes pour que j'arrive à m'aimer"
J'ai envie que tu m'aimes. Je t'en prie, j'ai envie que tu m'aimes, il faut que tu m'aimes. Il faut que tu m'aimes pour que j'arrive à m'aimer. Sans un regard sur moi je m'évanouie dans le néant, je disparais dans le non-être. Regarde-moi. J'ai besoin de ça pour me sentir exister. S'il-te-plait, j'ai besoin de sentir tes mains sur moi pour retrouver mes contours. J'ai besoin de retrouver l'illusion d'une fusion le temps d'un instant. Il faut que tu m'aimes, je te conjugue le verbe aimer à l'impératif. J'ai besoin de toi. Uniquement toi. Ou n'importe qui. Toi ou n'importe qui.
C'est l'histoire de la dépendance affective, du désamour de soi, de la peur de l'abandon. C'est l'histoire de l'inconsistance de soi qui se perd dans l'inconsistance de l'autre. Ce n'est plus une histoire d'amour, c'est une errance.
J'en ai rencontré beaucoup des gens qui errent, ou qui erraient, comme moi. La règle est la suivante : les errants vont avec les errants, et ce sont les exceptions qui confirment la règle.
Je les reconnais maintenant. Je vois les signes, je repère les similitudes : appartenance à un groupe d'anonymes, innommables et innombrables. Ils enchaînent les relations ; passant d'une déception à l'autre. Les sites de rencontres, les soirées au bar ou en boîtes, la fac. Chacun son terrain de prédilection. Ils rebondissent, se lassent rapidement, ou s'attachent trop vite.
Errants oui. A la recherche d'une affection qu'ils n'ont jamais eu, absente, insuffisante, ou mal donnée. Un maternage défaillant ? Des bases affectives incohérentes, désorganisées ? Un socle, une base solide qui manque, ça c'est certain. Comme quelque chose qui ne se serait pas débloquée dans le cœur, en grandissant. Un lien trop vite coupé, ou jamais délié. Une instabilité et une soif d'amour démesurée. Une soif d'amour de l'autre ou de soi ? Et puis un vide où, quand, comment, pourquoi ? Qu'est-ce que je cherche à combler ? Qu'est-ce que je cherche, est-ce même vouloir dire que je cherche quelque chose ?
Sécurité affective trop fragile. Ils cherchent en l'autre l'amour qu'ils ne trouvent pas en eux.
Ils cherchent la fusion. Mais la fusion n'est pas une relation. Ce n'est pas un assemblage, c'est une confusion. Il n'y a plus deux entités unies par un lien, juste un tout, un tas, on ne sait plus où l'autre commence, où l'autre s'arrête.
C'est pour ça, qu'il y a la deuxième règle : ça foire toujours.