l'intensité, ou rien
Publié le 28 Décembre 2019
Je me disais, je m'en fiche de souffrir. Je m'en fiche de souffrir si j'ai vécu l'intensité. Moi je voulais la vie brute, pure, je voulais l'authenticité des éclats de joie et la grandeur des crises de larmes. J'aspirais à la profondeur, à la vérité, à l'élégance de la fulgurance, à l'apothéose.
Je croyais à l'incandescence, je voulais être illuminée, brûlée, je voulais goûter à tout, je voulais vivre tout, totalement, entièrement. Vibrer.
Je me disais, si je dois souffrir je veux que ça soit pour une bonne raison, je préfère m'accrocher à des clous, des couteaux, des lames; je préfère m'entailler les mains plutôt que d'endurer un vide trop vain.
Tellement soif de vie. Se plonger dans la vie trop fort. Se heurter à des murs, tout aussi fort. Paroxysme de la tristesse, paroxysme de la joie. Se déployer dans l'existence avec véhémence. L'intensité, dans chaque lien, rechercher la profondeur dans chaque personne. Se noyer dans ses rêves puis se noyer vraiment. Mourir, renaître. Ne vouloir que la passion, avoir peur de l'ennui. Les émotions sur le qui-vive, toujours.
Je me disais, je m'en fiche de souffrir tant que ce que je vis est fort.
J'avais quinze ans.